Le sarcophage de Jw-f-n-Hsnw 
du Muséum de Perpignan

Vignette de la cuveLe couvercle intérieur

Le sarcophage du Muséum de Perpignan se compose de trois parties : la cuve - le couvercle intérieur - le couvercle supérieur. Il est de type momiforme ou  anthropoïde.
Lors des diverses études effectuées les 29 et 30 avril 1997, des fragments de bois ont été prélevés afin de déterminer les essences des différentes parties de ce sarcophage.
Si les anciens égyptiens possédaient dans leur pays ou aux frontières différentes sortes de pierres pour construire les temples ou les statues, la nature n’avait pas mis à leur disposition des bois de première qualité. Dés l’époque thinite (3200 avant J.-C.) le gouvernement royal allait chercher au Liban de beaux conifères pour la construction des meilleurs bateaux, des cercueils de première classe... etc. Les espèces locales comme le palmier, le sycomore, l’acacia, le saule, les grands épineux servaient à la confection de poutres grossières, de cercueils ordinaires, de statues, de coffres, de meubles, de stèles... etc. Ces arbres étaient clairsemés et le charbon de bois était contingenté par l’administration. Dans les maisons, la bouse séchée servait de combustible, comme encore de nos jours dans la campagne égyptienne.

Le sycomore (Ficus sycomurus L) est une sorte de figuier produisant des fruits très appréciés par les Égyptiens. Dans le Nord du pays, le figuier méditerranéen (Ficus carica) était très utilisé. Le bois du sycomore est facile à travailler, mais solide. Les figues de sycomore étaient entaillées vertes pour les garder de l’envahissement d’une guêpe parasite.
Dans les tombes de nombreuses peintures murales représentent les figues de sycomore offertes en offrandes ou cueillies par des personnages, quelquefois aidés par des singes.
Le sycomore pouvait devenir le réceptacle d’une divinité. Dans la tombe de Sennefer (XVIIIe dynastie) à Thèbes, Isis est transmuée en sycomore pour dispenser la vie, apporter le pain, l’eau et la brise au défunt. La vignette du chapitre 59 du «Livre des Morts» nous montre un sycomore d’où sortent deux bras, l’un tenant un plat et ses denrées alimentaires, l’autre tenant une aiguière où coule un filet d’eau que réceptionne le défunt.
La formule se rapportant à cette vignette est :

            «  Formule pour vivre de la brise et avoir de l’eau à volonté dans l’empire des morts »

La cuve :
La cuve est longue de 185 cm pour une largeur variant entre 34 cm et 61 cm, sa hauteur est comprise entre 28 cm et 33,5 cm. L’épaisseur des planches qui la composent va de 5,5 cm à  6 cm.

            La cuve est un assemblage de cinq éléments visibles:

- deux longues planches latérales, courbées au niveau des épaules et de la tête,
- une planche en forme de T pour le pied de la cuve,
- une planche en forme d’arc de cercle pour la tête,
- une planche en très mauvais état de conservation façonne le fond de la cuve  

Sur le pourtour de la partie supérieure de la cuve se trouve une feuillure, longue entaille dans la masse destinée à ajuster le couvercle au mieux et préserver le défunt de l’air et de la poussière extérieure.
Afin que cette feuillure accomplisse son rôle protecteur de poussière, son équivalence doit se rencontrer sur le couvercle supérieur. Il n’en est pas ainsi, le couvercle supérieur a une surface plane. Toujours sur le pourtour supérieur de la cuve huit mortaises sont creusées dans la masse, quatre du côté gauche et quatre du côté droit, se faisant face.
Les deux premières sont situées à 20 cm du pied, les deuxièmes à 60 cm, les troisièmes à   107 cm et les quatrièmes à 163 cm. Ces mortaises ont la même disposition sur le couvercle supérieur. Des tenons en bois s’emboîtaient dans les mortaises de la cuve et du couvercle et rendaient solidaires ces deux parties grâce à des chevilles qui traversaient l’épaisseur des planches. Ce système d’assemblage était valable pour la plupart des sarcophages en bois mais aussi pour ceux fabriqués dans des métaux précieux comme l’or. Les trous  du passage des chevilles  ont un diamètre compris entre 8 et 10 millimètres.
La cuve possède six encoches effectuées dans la feuillure, trois de chaque côté de la cuve. Deux sont situées entre les premières mortaises, les quatre autres tout prés des troisièmes et quatrièmes mortaises. A notre connaissance de pareilles encoches ne se rencontrent pas sur les différents sarcophages répertoriés. A l’intérieur de ces encoches, longues de 6 cm pour une profondeur de 4 cm, apparaissent des petits trous  ne correspondant pas à ceux pratiqués pour y introduire des chevilles.
L’échantillon prélevé nous donne le cèdre comme essence. Celui-ci ne fût pris que sur une planche latérale, ce qui nous prive de généraliser les résultats aux autres éléments formant la cuve, même si de visu les fibres de bois paraissent  identiques.

Le couvercle intérieur :
Le couvercle intérieur semble être constitué d’une seule pièce, les analyses nous donnent le sycomore comme essence. Il est en très bon état de conservation, les textes et les scènes inscrits sur le dessus sont remarquable de fraîcheur. Il est long de 174 cm pour une largeur variant entre 20 et 40 cm, son épaisseur est comprise entre 1,5 cm et 2 cm. Ce couvercle a le modelé d’un corps humain et il épouse parfaitement le contour intérieur de la cuve, il reposait directement sur le corps du défunt.

Le couvercle supérieur :
Le couvercle supérieur est long de 188 cm, sa largeur varie de 27 cm à 54 cm et sa hauteur est comprise entre 16,5 cm et 24 cm. Ces mensurations font apparaître que le couvercle est légèrement plus long que la cuve (+ 3 cm), tandis que la largeur est moindre (- 7 cm). La hauteur ( profondeur) intérieure est de 10 cm.

Le couvercle est un assemblage de 6 pièces visibles. Des morceaux de bois façonnés et fixés avec des chevilles et de la colle rattrapent les imperfections du couvercle.

Le couvercle est ainsi constitué:  

- deux longues planches latérales courbées au niveau de la tête et des épaules,
- une planche en arc de cercle pour la tête,
- une planche en forme de T pour le pied, la planche actuelle est une restauration récente,
- une planche voûtée pour le dessus du couvercle,
- sur cette planche la tête, coiffée de la perruque, est fixée par des chevilles.

Sous les nattes de la perruque le bois est apparent, il s’agit de l’emplacement des mains. Les mains étaient maintenues grâce à des chevilles.
Les mortaises  au nombre de huit, ont la même disposition que celles qui figurent sur la cuve, au niveau de la tête les tenons sectionnés sont visibles.
Comme pour la cuve un seul échantillon fût pris sur une planche latérale, il nous donne le sycomore comme essence.

Salle du MuséumSalle du Muséum
Salle d'exposition du sarcophage.
Cette nouvelle salle aménagée, pour recevoir la momie et son enveloppe, est sombre avec un éclairage approprié.
Les deux documents sont pris avec un flash ce qui est trompeur quand à la réalité de l'atmosphère de la salle.